C’est pas d’la soupe, c’est du rata… Ou d’un malheureux conflit entre l’art et la ratatouille.

Si elle n’est pas déclarée « niçoise », la ratatouille est au dictionnaire un ragoût grossièrement cuisiné, un quelconque mélange hétéroclite, une louche intrigue politique ou policière, ou encore une belle « raclée », synonyme populaire de « volée de coups ». On ne sait pas encore si le troisième ou quatrième couteau qui a, le 27 juillet dernier, à l’heure du déjeuner, aspergé d’une mixture éponyme une sculpture de François Lelong exposée à Brive, l’avait confectionné lui-même ; tout au plus, peut-on supposer que ce couteau en question n’est sans doute pas le plus affûté du tiroir… Et qu’après les lacérations, les coups de fusil, le pipi et le vomi, le rouge à lèvres, l’acide, le marteau de géologue, les explosifs (liste non exhaustive), la dégradation volontaire et contemporaine des œuvres d’art serait depuis quelques années passée en mode culinaire. On ne peut même pas accorder un certain panache aux vandales du casse-croûte : le Van Gogh de la National Gallery n’a pas été aspergé de soupe Campbell, la purée de pomme de terre projetée sur le Monet de Postdam ne venait pas de chez Robuchon et, last but not least, le ratatouilleur briviste du Lelong s’est immédiatement carapaté à l’issue de son méfait. On se perd ici en conjectures : son geste de cantinière désespérée répondait-il à une médiocre acrimonie ou au triste tourment d’un cuisant échec gastronomique ? Plainte déposée, enquête ouverte : notre gâte-sauce saturnal est d’ors et déjà dans une panade qui pourrait le conduire à faire la connaissance des mijotées carcérales et d’un endettement le privant pour longtemps des tables étoilées. Continuer la lecture de « C’est pas d’la soupe, c’est du rata… Ou d’un malheureux conflit entre l’art et la ratatouille. »