IA, version « comptoir », 1ère tournée

Version image, côté « photographie », les grands médias et leurs officines de fact-checking ont attendu la sortie de Midjourney et de DALL-E pour s’émouvoir de cette capacité donnée à n’importe quel Paganini du clavier de créer de fausses photographies plus vraies que nature. Passons sur cette mauvaise foi consternante ou sur cette crasse méconnaissance de l’univers de la photographie, où l’on s’intéresse au problème depuis les débuts de l’URSS, et encore davantage depuis que les plasticiens maîtrisent les technologies numériques et explorent les ressources des flux d’images. Je dis « passons » parce que le sujet fera l’objet d’une deuxième tournée.

Version conversationnelle, côté « chat », le truc fait frissonner les enseignants, et la directrice de la formation initiale de Sciences Po Paris en a même dégainé son stylo quatre couleurs à interdictions (elle n’est pas la seule). Les collégiens, lycéens et étudiants atteints d’hypertrichose palmaire ou de narcolepsie neuronale y voient une possibilité d’améliorer la maîtrise de leur emploi du temps, et on pense déjà ici ou là à fermer des formations de la filière tertiaire « support à l’action managériale ». Certains « testeurs » (journalistes pointus, universitaires) du bidule mis en ligne par la firme OpenAI depuis la fin de 2022 (ChatGPT, prononcer « tchatjipiti » pour paraître informé) ont mis le doigt sur tout un tas de problèmes (réponses fausses ou tirées par les cheveux, propositions d’informations erronées, capacité à générer des contenus trompeurs, j’en passe). Parmi les plus tatillons, les italiens se sont révélés plutôt taquins vis-à-vis de la firme susnommée, du genre : « Tu respectes le RGPD, sinon je te taxe de 40 millions ». Il y a belle lurette que les informaticiens (ceux qui sont devenus riches, pas ton réparateur d’en-bas-au-coin-de-la-rue) veulent sauver le monde ; il n’est donc pas surprenant que, pour mener à bien une telle mission, on ne s’embarrasse pas de quelques broutilles. Continuer la lecture de « IA, version « comptoir », 1ère tournée »